Soraya
Kinane, comme beaucoup d’artistes, était d’une grande ambition, elle rêvait
devenir une étoile, travailler pour assurer un bel avenir pour elle, sa famille
et surtout pour sa progéniture, Sarah et Boumedienne… Voyant que cela ne
pouvait se concrétiser dans sa ville, dans son pays, et comme beaucoup
d’Algériens, elle choisit le départ, juste là, elle traverse la Méditerranée,
pour pas loin, à côté de sa terre natale ,à 30 minutes de vol, et pour apaiser
son mal du pays ,il suffisait juste d'un petit vent du nord provenant d’El
bahia Wahrane, vers la ville Dénia à 130 km
d’Alicante, où elle s'installe,
Oui, Soraya
a choisi l’exil à la recherche du succès pour réaliser son rêve, avec juste un
billet d’avion et une valise en carton comme l’a fait avant elle sa chanteuse
préférée Linda de Suza qui a connu la gloire et un beau matin tous s’écroulent
comme des châteaux de sable que les vagues effacent à leurs passages…
Mais Soraya,
n’a pu construire des châteaux de sable, puis sauter dessus à pieds joints,
elle n’a même pas eu le temps d’ouvrir sa fenêtre pour laisser pénétrer l’odeur
des mimosas de son quartier qu’elle chantait avec sa douce voix !
La voix n’a
pu trouver un air, et la chanson a perdu sa mélodie, et elle a bien compris que
devenir adulte, c’est aussi se rendre à l’évidence, lâcher ses rêves d’enfant
pour se laisser menotter par la réalité.
La peur du
lendemain a hanté les nuits froides de l’artiste, le destin a cassé sa voix, a
brisé son corps, et la lutte pour la gloire s’est transformée en un combat pour
la survie… Et le retour au pays, caresser ses enfants, mourir dans la maison
modeste de ses parents, sont devenus un rêve que le destin ne lui a pas
exaucé !
Soraya rend l’âme dans un modeste hôpital,
située dans cette ville Dénia, même à 30 minutes de sa belle ville de son
enfance, sont devenus interminables car
l’aiguille de l’horloge s’est envolé avec le souffle du vent du nord provenant d’Alicante vers Oran !
Je l’ai vu
dormir Soraya Kinane, paisiblement dans
son cercueil, et par miracle j’entendais sa voix fredonnait sa dernière mélodie qu’elle chantait dans son
sommeil éternel,. Par ses beaux yeux qui étaient à moitié fermés, j’ai compris qu’elle
regardait le mausolée de Sidi El Houari, et son sourire timide disait tout simplement « Enfin, je
suis protégée par cette terre que
j’ai tant aimé ! »
Merci à Madame
Khalida Toumi, ministre de la culture de lui avoir offert l’ air de cette mélodie en lui
accordant, un émouvant retour et un bel
enterrement à la grandeur de sa simplicité !
Merci à
l’Onci d’avoir été présent pour lui
prouver qu’elle est et restera l’artiste de l’Algérie qu’on aime si fort !
Et merci à
ses enfants, ses amis d’Espagne et d’Algérie d’avoir cru en elle, et de
réaliser que notre Soraya Kinane restera éternelle !
Nadjet
Taibouni