Le chemin vers l’émancipation a été marqué d’une façon éclatante par la violente grève des ouvriers agricoles de la région de Jemmapes (aujourd’hui Azzaba, dans la Wilaya actuelle de Skikda) qui fut réprimée dans le sang et l’incendie des pauvres habitats des grévistes. Le héros de cette bataille, secrétaire du syndicat des ouvriers de la terre, Rabah Boualleg, fut arrêté, condamné à 5 ans de travaux forcés au bagne où il mourut en 1938. Les grands mouvements de grève de 1936 ont été suivis avec enthousiasme par les travailleurs algériens qui les utilisent pour réclamer, avec force, la dignité et les droits qui leur étaient refusés. Ainsi, les dockers, les traminots, les cheminots, les postiers et les instituteurs avaient imposé le droit d’adhérer et de diriger des syndicats sans encourir les foudres du code de l’indigénat, à la faveur d’une part, du climat créé par la réunification des deux Confédérations, la CGT et la CGTU et, d’autre part, du développement de l’action politique menée par les organisations politiques du mouvement national. Le déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale mit fin à cette évolution. En effet, dès septembre 1939, fut prononcée par décret l’interdiction de la CGT, du PPA (Parti du peuple algérien) du PCA (Parti communiste algérien) et de l’Association des Oulémas. Les militants furent alors jetés dans des camps dans le désert du Sud algérien en même temps que des militants politiques et syndicaux français opposés au régime de Vichy. Dans ce contexte, le patronat et l’administration coloniale n’hésitèrent pas à remettre complètement en cause les droits et acquis obtenus à la suite des grèves de 1936. Le débarquement des troupes alliées le 8 novembre 1942 en Afrique du Nord permit la libération des prisonniers et déportés et leva l’interdiction des partis et organisations démocratiques. Le mouvement syndical fut reconstitué sur la base des structures qui étaient celles de la CGT avant sa dissolution avec notamment les trois unions départementales qui relevaient toujours de Paris et dont les trois secrétaires généraux assistaient ès-qualité aux réunions du Comité confédéral national (CCN), instance suprême du mouvement syndical. Sur le plan politique, la victoire des Alliés remettait à l’ordre du jour la question de l’aspiration du peuple algérien à son émancipation alors que dans le même temps furent connus avec horreur les massacres du 8 mai 1945 qui firent plus de 45.000 victimes. L’Ordonnance du 7 mars 1944 qui accordait aux Algériens certains droits et notamment le droit d’association, favorisa l’essor du mouvement syndical, aux prises jusqu’en 1947, avec les autorités coloniales dont la répression toucha tous les secteurs d’activité : ports, mines, chemins de fer, banques, bâtiment, agriculture… Dans ce contexte de lutte, de nombreuses revendications furent satisfaites tandis que l’on se rendait compte également de la nécessité de discuter et de négocier les questions économiques et sociales avec les représentants des travailleurs algériens.
Le tissu industriel en 1950 avait atteint un niveau significatif. Ainsi, selon les statistiques officielles, il existait 32 500 entreprises dont 31 750 de moins de 5 salariés chacune. Le reste, c’est à dire quelques 500 entreprises, était constitué d’administrations (postes, enseignement...), des ports, des mines, des entreprises du bâtiment, des transports et des traminots d’où se recrutaient l’essentiel des effectifs syndicaux. Dans ces secteurs, les travailleurs d’origine européenne représentaient la majorité. En effet, on dénombrait à l’époque 500 instituteurs algériens sur 12.000, 400 postiers sur 10.000, moins de 500 cheminots sur un total de 14.000, et enfin quelques centaines de titulaires sur plus de 100.000 fonctionnaires. Ces effectifs dérisoires expliquent entre autres la faiblesse de la représentation algérienne au sein des organisations syndicales et de leurs directions.
En 1947 la nécessité s’était faite sentir de réunir une conférence algérienne à laquelle participèrent les délégués élus directement par les travailleurs dans les syndicats et sections syndicales. Le comité de coordination des syndicats confédérés d’Algérie devenait une structure centrale dotée d’une commission exécutive, d’un bureau et d’un secrétariat, ce qui constituait un premier jalon vers la séparation de fait d’avec la CGT. Les structures furent algérianisées progressivement. A la direction de certaines unions telles les dockers, les hospitaliers ou les mineurs, on retrouve des Algériens qui furent appelés par la suite à des responsabilités plus importantes. Au début des années 50, le mouvement syndical algérien, algérianisé dans sa quasi totalité, fonctionnait comme une centrale indépendante, n’étant plus lié avec la CGT française que par des liens nécessaires de solidarité et d’entraide. Cette évolution s’était déroulée sans accrocs, avec le consentement de la CGT aux instances de laquelle les syndicats algériens participaient dorénavant en qualité d’invités, au même titre que les représentants des autres syndicats étrangers.L’autonomie du mouvement syndical algérien fut définitivement consacrée par sa participation au Congrès de la Fédération Syndicale Mondiale (FSM) qui s’est tenu en septembre 1953 à Vienne, en Autriche, où deux des dirigeants du Comité de coordination furent élus au sein de l’Organisation mondiale, l’un à son conseil général, l’autre à son comité exécutif.
Le chemin vers l’émancipation a été marqué d’une façon éclatante par la violente grève des ouvriers agricoles de la région de Jemmapes (aujourd’hui Azzaba, dans la Wilaya actuelle de Skikda) qui fut réprimée dans le sang et l’incendie des pauvres habitats des grévistes. Le héros de cette bataille, secrétaire du syndicat des ouvriers de la terre, Rabah Boualleg, fut arrêté, condamné à 5 ans de travaux forcés au bagne où il mourut en 1938. Les grands mouvements de grève de 1936 ont été suivis avec enthousiasme par les travailleurs algériens qui les utilisent pour réclamer, avec force, la dignité et les droits qui leur étaient refusés. Ainsi, les dockers, les traminots, les cheminots, les postiers et les instituteurs avaient imposé le droit d’adhérer et de diriger des syndicats sans encourir les foudres du code de l’indigénat, à la faveur d’une part, du climat créé par la réunification des deux Confédérations, la CGT et la CGTU et, d’autre part, du développement de l’action politique menée par les organisations politiques du mouvement national. Le déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale mit fin à cette évolution. En effet, dès septembre 1939, fut prononcée par décret l’interdiction de la CGT, du PPA (Parti du peuple algérien) du PCA (Parti communiste algérien) et de l’Association des Oulémas. Les militants furent alors jetés dans des camps dans le désert du Sud algérien en même temps que des militants politiques et syndicaux français opposés au régime de Vichy. Dans ce contexte, le patronat et l’administration coloniale n’hésitèrent pas à remettre complètement en cause les droits et acquis obtenus à la suite des grèves de 1936. Le débarquement des troupes alliées le 8 novembre 1942 en Afrique du Nord permit la libération des prisonniers et déportés et leva l’interdiction des partis et organisations démocratiques. Le mouvement syndical fut reconstitué sur la base des structures qui étaient celles de la CGT avant sa dissolution avec notamment les trois unions départementales qui relevaient toujours de Paris et dont les trois secrétaires généraux assistaient ès-qualité aux réunions du Comité confédéral national (CCN), instance suprême du mouvement syndical. Sur le plan politique, la victoire des Alliés remettait à l’ordre du jour la question de l’aspiration du peuple algérien à son émancipation alors que dans le même temps furent connus avec horreur les massacres du 8 mai 1945 qui firent plus de 45.000 victimes. L’Ordonnance du 7 mars 1944 qui accordait aux Algériens certains droits et notamment le droit d’association, favorisa l’essor du mouvement syndical, aux prises jusqu’en 1947, avec les autorités coloniales dont la répression toucha tous les secteurs d’activité : ports, mines, chemins de fer, banques, bâtiment, agriculture… Dans ce contexte de lutte, de nombreuses revendications furent satisfaites tandis que l’on se rendait compte également de la nécessité de discuter et de négocier les questions économiques et sociales avec les représentants des travailleurs algériens.
Le tissu industriel en 1950 avait atteint un niveau significatif. Ainsi, selon les statistiques officielles, il existait 32 500 entreprises dont 31 750 de moins de 5 salariés chacune. Le reste, c’est à dire quelques 500 entreprises, était constitué d’administrations (postes, enseignement...), des ports, des mines, des entreprises du bâtiment, des transports et des traminots d’où se recrutaient l’essentiel des effectifs syndicaux. Dans ces secteurs, les travailleurs d’origine européenne représentaient la majorité. En effet, on dénombrait à l’époque 500 instituteurs algériens sur 12.000, 400 postiers sur 10.000, moins de 500 cheminots sur un total de 14.000, et enfin quelques centaines de titulaires sur plus de 100.000 fonctionnaires. Ces effectifs dérisoires expliquent entre autres la faiblesse de la représentation algérienne au sein des organisations syndicales et de leurs directions. En 1947 la nécessité s’était faite sentir de réunir une conférence algérienne à laquelle participèrent les délégués élus directement par les travailleurs dans les syndicats et sections syndicales. Le comité de coordination des syndicats confédérés d’Algérie devenait une structure centrale dotée d’une commission exécutive, d’un bureau et d’un secrétariat, ce qui constituait un premier jalon vers la séparation de fait d’avec la CGT. Les structures furent algérianisées progressivement. A la direction de certaines unions telles les dockers, les hospitaliers ou les mineurs, on retrouve des Algériens qui furent appelés par la suite à des responsabilités plus importantes. Au début des années 50, le mouvement syndical algérien, algérianisé dans sa quasi totalité, fonctionnait comme une centrale indépendante, n’étant plus lié avec la CGT française que par des liens nécessaires de solidarité et d’entraide. Cette évolution s’était déroulée sans accrocs, avec le consentement de la CGT aux instances de laquelle les syndicats algériens participaient dorénavant en qualité d’invités, au même titre que les représentants des autres syndicats étrangers. L’autonomie du mouvement syndical algérien fut définitivement consacrée par sa participation au Congrès de la Fédération Syndicale Mondiale (FSM) qui s’est tenu en septembre 1953 à Vienne, en Autriche, où deux des dirigeants du Comité de coordination furent élus au sein de l’Organisation mondiale, l’un à son conseil général, l’autre à son comité exécutif.
L’UGTA au cœur de la Révolution
Elle s’appellera « l’Ouvrier Algérien » et le premier numéro paraît le 7 avril 1956. Aïssat Idir laisse éclater sa joie, une joie qu’il veut partager avec tous ses compagnons. Chaque semaine, Aissat, sous un nom d’emprunt, transmettait à la rédaction ses articles destinés à la rubrique syndicale. C’est dans le premier numéro que seront définis les axes stratégiques du programme de l’UGTA qui restent encore d’actualité : - donner à la lutte ouvrière de notre pays une orientation stratégique conforme à ses aspirations, c’est à dire une révolution dans les domaines politique, économique et social, - forger une conscience ouvrière qui rende les travailleurs aptes à lutter contre tous les exploiteurs sans distinction aucune, - bannir toute discrimination dans la défense de la classe ouvrière, - orienter la lutte des travailleurs pour arracher de meilleures conditions de vie et le plein emploi. Les photos qui figurent sur les 13 numéros de l’Ouvrier Algérien de 1956 et 1957, ont été pour la plupart prises et développées par Mahieddine Bourouiba. Les clichés -photogravures ont été réalisés par un photograveur européen, militant de gauche, place Hoche à Alger. Au milieu d’une guerre impitoyable, l’UGTA tenait à agir à visage découvert. Ses militants sont connus et les photos de ses responsables publiées. Le journal suscite vite un intérêt croissant non seulement dans les rangs ouvriers mais également chez les Algériens en général. El Moudjahid sortira son premier numéro en juin 1956 sous forme de brochure ronéotypée (dont la frappe était l’œuvre de Nassima Hablal, militante du FLN et de l’UGTA). Aïssat Idir mettait l’accent, à travers une interview au journal, sur l’opportunité de l’affiliation de l’UGTA à une Centrale internationale. Deux numéros spéciaux seront consacrés, l’un au 1er novembre 1958, l’autre à l’assassinat de Aïssat Idir et au retentissement qu’aura cet acte odieux du colonialisme français. En France, conscient de la gravité du drame, il aidera dans la mesure de ses possibilités, à préserver l’amitié entre le peuple français et le peuple algérien Les articles des treize numéros autorisés à paraître jusqu’au mois d’août 1958, rédigés par des ouvriers, des intellectuels, des personnalités algériens et français contribueront à renforcer l’audience et la confiance de tous ceux qui, en France, s’intéressent à l’émigration algérienne et à ses problèmes syndicaux et politiques. En dépit de toutes les mesures de saisies décidées par l’autorité coloniale, treize numéros de « l’Ouvrier algérien », sont tirés où sont dénoncées les arrestations des dirigeants de la Centrale, annoncée l’imminence de la Bataille d’Alger tandis qu’est lancé au milieu de la tourmente un véritable cri « l’avenir est à nous ». Le n° 13, publié la veille de la grève de huit jours, sera le dernier imprimé à Alger. Dans cette Bataille d’Alger, les militants FLN, au milieu d’une population qui les soutient et qui souffre, font face à dix mille parachutistes du général Massu. L’affrontement va se traduire par une répression aveugle qui tentera en vain de casser ce soutien unanime des Algériens au FLN. Un an après sa création, l’UGTA est contrainte à la lutte clandestine. Son organe d’information est iinterdit en France. Il fait son apparition en Tunisie où il connaîtra alors une étape des plus riches de son histoire. L’équipe du journal, sous la direction de Embarek Djilani (auxquels succéderont Nouredine Skander et Abdenour Ali Yahia) s’installe en août 1958, à Tunis, 29 place M’Hamed Ali. Avec dévouement et compétence, les militants acculés à quitter le pays après la Bataille d’Alger, sauront exploiter des conditions de travail et un environnement bien moins stressant et pourront ainsi renforcer le prestige de la Révolution. Ils feront le bilan de 48 mois de la lutte menée en Algérie et en France tout en assurant une couverture médiatique et argumentée en faveur de la lutte pour la libération du pays. Ce n’est qu’en février 1962, à la veille du cessez-le feu, que le journal de l’UGTA fera ses adieux à la Tunisie en publiant son 32ème numéro. Il reprend ses activités le 17 août 1962 dans une Algérie libérée avec un titre qui , à lui seul, est tout un programme : « Ouvrez les usines, les chantiers et les fermes ».
Le 1er Congrès de la Centrale ouvrière eut lieu du 17 au 19 janvier 1963. Dans un climat de tension avec le pouvoir politique, ce Congrès sera marqué par un coup de force qui se traduira par l’installation d’une direction ‘’fabriquée’’ par le Parti dont l’acte premier sera de suspendre « l’Ouvrier Algérien », déjà malmené par de fréquentes saisies. Le 13ème numéro sera le dernier de la nouvelle série qu’ont dirigée tour à tour Madjid Ali Yahia et Slimane Rebbah. Le 23 février 1963, à la veille du 7ème anniversaire de la création de l’UGTA, un nouveau titre, « Révolution et Travail » se substitue à « l’Ouvrier algérien ». Pour El Moudjahid, organe officiel d’information du FLN, « de nouvelles tâches attendent l’UGTA qui se fera un devoir et un honneur de les remplir aux côtés du Parti ». Dans l’éditorial du journal « Alger Républicain », qui sera interdit en 1965, son rédacteur en chef, Abdelhamid Benzine, salue l’événement : « Alger Républicain dont on sait qu’il est avant tout au service des travailleurs est heureux, à l’occasion de ce congrès de l’Indépendance, de saluer tous les congressistes ouvriers et de leur souhaiter le plus grand succès dans leurs travaux ». La Dépêche d’Algérie rapporte un extrait du discours du président Ben Bella lors de l’inauguration du Congrès où il « fait appel à la discipline des syndicats et condamne « l’ouvriérisme ». L’UGTA, conduite par Djermane, quant à elle, semble tracer la voie. La résolution d’orientation générale rappelle le rôle de la classe ouvrière et paysanne qui, « consciente de ses responsabilités, ne tarda pas à se ranger, les armes à la main, dans les rangs du FLN ». Associée de fait dans la "reconstruction" d’un pays où tous les moyens de production étaient "biens vacants", l’UGTA n’avait pas d’autre alternative que de composer avec le Parti unique bien que, pour l’équipe dirigeante, il s’agissait de "prendre en charge la relance de l’UGTA et de remettre rapidement, la Centrale entre les mains de ceux qui seront mandatés par les travailleurs, et seulement les travailleurs".C’était une manière de d’affirmer que l’indépendance est aussi d’ordre syndical. Car en effet, dès l’indépendance, le syndicalisme algérien s’est trouvé confronté aux détenteurs du pouvoir politique dont le but était la ‘’caporalisation’’ de l’UGTA par notamment le ‘’parachutage’’ de ses « responsables » et ce, pour sa subordination totale au Parti unique. La direction de l’UGTA devient ainsi une simple courroie de transmission des orientations du FLN, mais qui essaie toutefois, au niveau des unions locales ou des fédérations, de faire émerger les problèmes réels des travailleurs, leurs aspirations à la démocratie syndicale et leur mobilisation pour sortir du sous-développement. A partir du19 juin 1965, on retrouvera l’ UGTA dans le sillage des options du FLN et du Pouvoir. En effet, le Parti unique pèsera sur le choix des dirigeants tandis que le Gouvernement, en lançant le premier plan de développement, donnera l’opportunité à l’UGTA de participer à la lutte contre le sous-développement par la mobilisation des ressources humaines, le pouvoir exécutif permettant, par son programme, aux organisations sociales de s’émanciper quelque peu de la tutelle du FLN. L’UGTA va tenter durant cette période de peser de tout son poids dans le contexte politico-économique tout en se situant dans les grandes lignes idéologiques tracées par le Parti. C’est dans cette période qu’il sera le plus recherché par le pouvoir politique la nécessaire adhésion du mouvement syndical pour la réalisation de ses programmes socio-économiques.
Source: http://www.ugta.dz/Historique-de-l-UGTA.html#2
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